02 août 2023

Avec la finance solidaire, Acted « embarque » de nouveaux acteurs

 

Le mardi 5 septembre 2023 se tiendra à Paris au Palais Brongniart la 15e édition du Forum mondial 3Zéro. Cocréé par Acted, il rassemble chaque année plusieurs milliers de professionnel·le·s, citoyen·ne·s engagé·e·es et décideur·euse·s pour échanger sur les solutions innovantes de lutte contre la pauvreté, la précarité, et le dérèglement climatique dans le monde. À cette occasion, Aurélien Daunay, Directeur général délégué d’Acted, rappelle le rôle de la finance à impact pour financer son ambition Zéro Exclusion, Zéro Carbone, Zéro Pauvreté (3ZERO).

 

Dans quel contexte Acted développe-t-elle son approche de la finance solidaire ?

Nous avons besoin d’une thérapie de choc. Face à la poly-crise que le monde connait, à la fois climatique, économique et sociale, il nous faut agir à tous les niveaux pour accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Cela est d’autant plus important quand on sait que seuls 10% des français savent précisément ce que sont ces ODD (source : Focus 2030).  Pour cela, il est nécessaire de décloisonner les approches entre les différents acteurs qui peuvent être mobilisés : des acteurs publics ou privés aux acteurs de l’économie, en particulier sociale et solidaire… En effet, il faut multiplier les initiatives sous différentes formes et imaginer ensemble de nouveaux modèles économiques.

C’est précisément pour cela qu’Acted s’entoure et accompagne aujourd’hui plusieurs milliers de partenaires de tous horizons sur ses différents terrains d’opération, et qu’elle s’adresse aussi bien à des bailleurs de fonds institutionnels, qu’à des investisseurs privés. C’est bien en lien avec cette tendance que la finance solidaire s’intègre dans notre activité.  Elle nous permet de mettre en œuvre plus efficacement des programmes d’aide pour les populations concernées à travers le monde, là où la finance traditionnelle est plus souvent absente.

 

Quel rôle joue la finance solidaire dans ce décloisonnement des acteurs ?

L’intérêt est d’impliquer et d’engager des parties prenantes encore peu acculturées aux enjeux humanitaires des pays en crise. Nous ouvrons une fenêtre sur ces réalités pour attirer des fonds d’investissement à impact sur des thèmes comme l’inclusion financière, les opérations humanitaires, le développement ou encore l’environnement. Nous les amenons ainsi vers des pays et des sujets qui ne figuraient pas en priorité dans leur agenda, et pour nous c’est déjà une réussite.

Lorsque l’on a commencé à développer ces nouveaux modes de financement, comme les titres associatifs [Acted a émis près de 35  millions d’obligations, de titres associatifs et de billets à ordres ces 15 dernières années dont 26 millions ont déjà été remboursé aux investisseurs ndlr], certains acteurs ont craint une sorte de privatisation du secteur de l’aide. Pour nous, et bien sûr dans la limite des besoins à financer et de la capacité de l’association à rembourser, c’était et cela reste le moyen de faire entrer de nouveaux acteurs, les initier aux problématiques du terrain, et leur proposer d’y remédier avec nous, tout cela en minimisant leur prise de risque en soutenant une structure fiable comme Acted. Ces fonds se sont avérés au contraire un moyen de réduire la dépendance à des mécanismes de trésorerie bancaires court-termes, souvent onéreux, et de rendre la structure globalement plus résiliente aux chocs externes (comme la pandémie de COVID-19). 

 

À quels objectifs spécifiques d’Acted répond la finance solidaire ?

La finance solidaire vient compléter un dispositif global qui répond à deux enjeux. Les obligations et titres associatifs sont des « quasi-fonds propres » qui renforcent le bilan de notre groupe et facilitent l’accès à des volumes de financements publics plus importants. Ici, la finance solidaire joue le rôle d’une sorte d’assurance pour ces acteurs qui souhaitent nous financer. L’autre enjeu pour nous est de financer un besoin de trésorerie et d’investissement à moyen et long terme. Nos financeurs classiques nous financent sur une durée d’un an à un an et demi, et seule une petite partie non affectée correspond aux frais de gestion. Cela ne nous permet pas d’assurer des investissements importants et de longue durée, comme la transition digitale de  notre groupe qui s’opère sur une dizaine d’années. Les titres associatifs sont de ce fait un excellent moyen pour constituer une trésorerie nécessaire à ces transitions. Cela génère de la valeur et un positionnement qui permettent de faire croître nos activités et de développer notre savoir-faire. Ces outils sont donc des moyens efficaces de pérenniser notre modèle financier.

 

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Consulter le site du Forum Mondial 3ZÉROS 2023

 

 

Propos recueillis par Yann-Patrick Bazire